J'avais besoin de prendre l'air. De réfléchir. De comprendre tout ce que ma discussion avec Perle impliquait. J'avais fait le choix d'accepter qu'elle n'assume pas notre amour. Ce qui voudrait dire que demain, elle me snoberait. Peut-être pour la forme retirerait-elle quelques points à ma maison pour faire taire les langues de vipère qui se permettaient de juger de ses fréquentations. Mais ce qui était certain, c'est que de toutes les joies d'un couple, nous serions privés. Il faudrait sortir tôt le matin, ou tard le soir, se cacher, se méfier, sans quoi... Merlin, qui sait comment elle réagirait si qui que ce soit apprenait pour nous deux ? Nierait-elle en bloc ? Elle m'avait promis qu'un jour, nous cesserions de nous cacher. Mais il ne fallait pas se leurrer : il me faudrait bien de la patience avant de connaître cette félicité...
Je marchais donc plus loin du château que d'ordinaire, seul. Réfléchissant à ce que je pourrais me permettre de faire demain, lorsqu'elle serait plus froide encore que d'ordinaire pour tuer dans l'oeuf toute supposition. J'arrivais près du Saule Cogneur. Ses branches dénudées s'agitaient dans le vent, s'entrechoquant, s'entrelaçant. Je réalisais soudain que je n'étais pas si seul que ça : Claire Colins, la Serpentard dont j'étais censé me rapprocher pour la convaincre que ma répartition avait été une erreur et que le couple que Perle et moi formions n'avait rien de choquant. Je n'aimais pas du tout l'idée de devoir me rapprocher d'elle pour l'instrumentaliser. Ces temps-ci, elle avait... changé. Perle s'en félicitait, mais je peinais à le faire en lisant toute la tristesse que portait la jeune fille dans son regard. Elle cherchait à devenir 'quelqu'un', et non un simple outil. Mais bon, peut-être que tout en aidant Perle à me faire accepter par sa maison, je pourrais aider Claire ?
- Salut Claire.
- Qu'est-ce que tu fous ici, Kieran ? Son ton cassant, froid, me fit sourire.
- Moi aussi, ça me fait plaisir de te voir.
- Ah ah. Tu réponds pas à ma question.
- Quoi, il faut un pass VIP pour se balader dans le parc maintenant ?
- Non mais...
- Rassure-toi, je ne te prends pas en filature, je m'éloigne juste de la foule Poudlarienne.
- Pourquoi, tu n'aimes pas être entouré ?
- Si, mais la solitude aide à penser. Pourquoi je lui répondais ça, moi ? Ça la regardait pas. Elle devait me parler d'elle, me faire confiance, se livrer, se décharger de son fardeau. Pas l'inverse. D'ailleurs, elle ne répondit pas. Puis elle soupira et lança :