Bon sang c'est pas croyable... j'ai déjà connu deux hivers à Poudlard avant celui-ci, mais je dois bien admettre qu'en cette troisième année on bat des records : je ne sais plus depuis combien de temps il n'y a plus eu de cours en extérieur, même les entraînements des équipes de Quidditch sont suspendus ! Oh je suis loin de déplorer le fait de ne plus pouvoir sortir, bien au contraire même, mais ce froid nous oblige à sortir les capes doublées, les gants, écharpes et toute la panoplie des esquimaux. A tel point que j'ai croisé nombre de filles qui ont renoncé aux collants pour se protéger les jambes, enfilant carrément les pantalons de l'uniforme des garçons ! Franchement, j'y songe moi-même de plus en plus, surtout que ça a l'air de marcher...

Bref, aujourd'hui il fait un froid à ne pas faire sortir un Hippogriffe dehors, et il neige à gros flocons dans le Parc de l'école. J'ai attrapé ce qui ressemble à un début de refroidissement, et je me dirige vers l'infirmerie pour demander un remède à Mme Pomfresh. En chemin, je croise quelques élèves qui se font vertement réprimander par un Rusard fou de rage : apparemment, les plaisantins ont jugé amusant de faire léviter à l'intérieur d'un couloir sans fenêtre quelques petits tas de neige pour se livrer à des batailles de boules de neige. Résultat : de la neige fondue partout ! Je souris dans mon écharpe : décidément, les mecs, quel que soit leur âge, sont tous immatures.

J'arrive à la porte de l'infirmerie, toque deux fois. Je suis invitée à entrer. Je pousse la porte et pénètre dans la vaste salle. Mme Pomfresh est au fond, s'occupant d'une fille alitée. Alors que je m'avance entre les deux rangées de lits, mon coeur s'emballe et j'ai des fourmis dans les jambes. J'aurai TOUT donné pour pouvoir sauter de lit en lit, tout accepté pour entendre grincer les ressorts sous mes pieds, tout fait pour pouvoir exploser les oreillers et répandre leur contenu partout dans la salle... mais bizarrement, j'ai la très petite impression que Mme Pomfresh n'aurait pas apprécié, allez savoir pourquoi... pourtant cela aurait été une bonne solution contre mon début de grippe, j'en suis sûre... enfin...

Je dois refouler cette envie irrépressible et me rendre auprès de Mme Pomfresh pour lui demander une potion contre le refroidissement que je bois sagement avant de tourner les talons. Je fais quelques pas avant de voir la porte de l'infirmerie s'ouvrir...

Perline ne venant pas, j'avais repris la direction du château.
Chemin périlleux, certes : des jeunes d'inspiration Weasley (bien que demeurant au stade de réels novices en la matière) avaient inauguré une bataille de boule de neige au centre du hall.
Pff pff pff. Aucune originalité, de véritables apprentis. De toute évidence... Même la connerie est un art. Ça s'apprend.

Dans la Grande Salle, on m'avait appris que la préfète de Serpentard était à l'infirmerie.
Je pris donc la direction du repère de Mme Pomfresh.
Arrivé là-bas, je m'assis auprès de Perline et nous entamâmes une partie de jeu d'échecs. Voyant qu'elle n'était pas très en forme, je lui proposais d'aller lui chercher un verre d'eau.
Au moment où j'ouvris la porte, je tombais sur une fille. Une première année, sans doute. Ou du moins était-ce ce que sa taille suggérait.
La pâleur de ses joues, la noirceur de ses cheveux et l'éclat du rouge de ses joues auraient pu faire d'elle une véritable Blanche-Neige moderne. °Auraient pu.° S'il n'y avait ce nez en l'air, cet air fier, méprisant.
Avant même que je n'eus fis un pas de côté pour la laisser passer, elle commença à se plaindre du fait que je lui restreignais l'accès à l'infirmerie.
-Wow wow wow. Stop. Minimum de respect, petite. J'allais te laisser passer. Pas besoin de beugler pour si peu.

Je tombe nez à nez devant un mec que je ne connais pas. Soudainement, la vision d'un autre gars me bloquant ostensiblement l'entrée de la Grande Salle me revient en mémoire, ce crétin de Stephen Thomson, et mon sang se met aussitôt à bouillir. Est-ce qi'il veut m'empêcher de sortir de l'infirmerie ? Sans réfléchir, je me mets à protester de manière véhémente contre lui, je suis presque furieuse, quand le jeune homme lève une main pour me faire taire. Manifestement je me suis emportée, il n'a apparemment aucune intention de restreindre ma liberté de circulation. Je me mords la lèvre, quelque peu embarrassée.

" Je te prie de m'excuser, j'ai eu affaire à un abruti de Gryffondor qui avait une fois trouvé très amusant de m'empêcher d'entrer dans la Grande Salle un matin alors que j'avais très faim, c'est pour ça, j'ai cru que tu voulais m'empêcher de sortir..."

Ben quoi ? Oui, je sais reconnaître mes torts, oui je peut être humble ! Je ne suis pas une fille bornée qui s'en prend tout le temps aux autres ! Et puis, étrangement ce mec ne m'a pas l'air d'être quelqu'un d'antipathique, curieusement... c'est très bizarre...

Je l'observe. Il n'a pas l'air d'être malade du tout... que fait-il ici alors ?

- Je te prie de m'excuser...
J'ai eu affaire à un abruti de Gryffondor qui avait une fois trouvé très amusant de m'empêcher d'entrer dans la Grande Salle un matin alors que j'avais très faim, c'est pour ça, j'ai cru que tu voulais m'empêcher de sortir...
Elle avait l'air réellement désolée et se triturait les mains, folle d'inquiétude.
Qu'est-ce qu'il leur arrivait à ces Serpents ?
Un peu d'orgueil et moins de respect, voyons ! A moins qu'il n'y ait eu une erreur de maison ?
Ou qu'elle m'ait pris pour un aîné de Serpentard ? Possible aussi. Plus probable, en vérité. Allez savoir pourquoi, je semblais avoir le profil.
- Ne t'en fais pas, ce n'est rien, inutile de me baiser les pieds pour si peu ! fis-je avec un sourire pour la détendre.
- Ah euh... merci bredouilla-t-elle.
- Je m'appelle Kieran, et toi ?

Le garçon me sourit, l'air de trouver ma gêne un peu disproportionnée. Je déteste ça, me sentir en faute, je rougis facilement et mon comportement peut donner l'impression que je ne suis pas saine d'esprit. je regarde partout, évitant délibérément ses yeux, dansant d'un pied sur l'autre. Heureusement, il ne tarde pas à me dire de me détendre. Poussant son avantage, le jeune homme en profite même pour se présenter, disant s'appeler Kieran. Pendant quelques secondes, j'essaie de me rappeler s'il y a un Kieran à Serpentard, mais je n'ai jamais entendu ce prénom dans la salle commune... allons bon, pourvu que je n'aie pas affaire à un chaton !

" Je m'appelle Freya Williams et je suis en troisième année à Serpentard."

Je ne sais pas trop quoi ajouter derrière, me sentant un peu idiote. Je ne sais pas quoi penser de lui pour le moment, il faut dire que je ne sais rien de lui et donc je ne sais pas vraiment comment réagir. Une question franchement idiote franchit mes lèvres.

" Tu viens voir quelqu'un ? "

Mes joues s'empourprent à nouveau. Je ne suis pourtant pas si curieuse d'habitude !

" Euh... oublie ma question, cela ne me regarde pas en fait... "

Je contourne le garçon et m'apprête à quitter l'infirmerie en courant mais il me parle à nouveau et je me fige avant de me retourner vers lui...

" Je m'appelle Freya Williams et je suis en troisième année à Serpentard."
" Tu viens voir quelqu'un ? "
" Euh... oublie ma question, cela ne me regarde pas en fait... "
Ses joues s'empourpraient.
De toute évidence, je l'intimidais réellement !
- Inutile d'être gênée, Freya ! Je venais voir une amie, voilà tout.
Elle ne disait rien.
- Et là, je sortais lui prendre un verre et à manger à la Grande Salle...
Là encore, pas un mot. Je lui faisais peur. Flippant.
- Et toi ?

Kieran me répond sans gêne, m'expliquant qu'il venait tout simplement voir une amie. Bizarre ! La seule personne que j'ai vue allongée n'est autre que ma préfète, Perline, qui se vante toujours de ne pas avoir d'amis... j'avoue que je ne comprends pas. Perle est-elle en train de s'adoucir ? Est-ce bien d'elle dont Kieran parle ? Je nage en pleine confusion, incapable de prononcer un mot. Je vois d'ailleurs que mon silence surprend le jeune homme. Ce n'est que lorsqu'il me demande ce que j'étais venue faire ici que je retrouve ma voix :

" J'étais venue demander un peu de Pimentine à Mme Pomfresh, histoire de me réchauffer un peu... il gèle à pierre fendre dans ce château, tu ne trouves pas ? "

Je regarde Kieran. Le froid n'a pas l'air de trop le déranger on dirait. Sans doute fait-il partie de ces gens qui adorent l'hiver, la neige qui tombe à gros flocons, tout ça... moi la seule chose que j'aime à cette époque de l'année, ce sont les cadeaux qu'on reçoit à Noel et éventuellement les bons repas que l'on fait la veille au soir et le lendemain, rien de plus ! Je regarde le verre d'eau et la part de gâteau que Kieran tient dans ses mains.

" Bon, je ne veux pas te retenir plus longtemps, je retourne dans ma salle commune, il y fait meilleur devant le feu de cheminée ! A une prochaine fois peut-être ? "

Et sans m'attarder davantage, je me mets à courir en direction des cachots, laissant Kieran s'occuper de Perle, sans pouvoir me retenir de sourire toutefois.

Elle resta un moment silencieuse, et il fallut que je lui demande ce qu'elle était venu faire chez Pomfresh pour obtenir (enfin) une réaction.
" J'étais venue demander un peu de Pimentine à Mme Pomfresh, histoire de me réchauffer un peu... il gèle à pierre fendre dans ce château, tu ne trouves pas ? "
- Oh, tu sais, le froid ne me gêne pas plus que ça.
" Bon, je ne veux pas te retenir plus longtemps, je retourne dans ma salle commune, il y fait meilleur devant le feu de cheminée ! A une prochaine fois peut-être ? "
- Sans doute ! A bientôt ! répondis-je en souriant.
Elle partit sans ajouter un mot.
Étonnement, je lui avais fait peur. Genre vraiment peur. Qu'avais-je de si terrifiant ? Qui sait...
Peut-être la réponse se trouvait-elle précisément dans ce qui donnait à Perline l'envie (si faible soit elle) de me parler.