Parfois, un besoin vous prend, vous saisit à la gorge. Sortir. Sortir devient une obsession vous hantant toute la journée durant. Vous attendez que le soir vienne, et là, là vous sortez dans le secret de la nuit. Comme si le fait d'être à l'extérieur aidait à mieux respirer. Alors je suis partie en courant, sans dire mot, sans alerter personne. Je cours dans le vent, libre comme l'air. Merlin ! Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir en dire autant de mon coeur. J'ai beau essayer, tout faire, nul résultat. Je me suis enfermée dans le travail sans ne plus voir personne ; j'ai tenté de cesser de penser à tout ce qui me concernait. Fermer les yeux, fermer le coeur, rien n'y fait. Ce trou béant demeure. La déchirure. Quelque chose qui vous brise au plus profond de votre être. Et qui vous oblige à baisser les yeux chaque fois qu'il passe. Ne pas le voir suffira-t-il jamais à l'oublier ?
Alors, ne pouvant maîtriser son coeur, on fuit. On fuit pour oublier, on se concentre sur les sensations, on part aussi loin que nos jambes puissent nous mener. Gryffondor. Courageuse. Tout cela me paraît si ironique. Dès que mes sentiments sont impliqués, 'courage' est bien le dernier mot que j'utiliserai pour me décrire.
Les larmes courent sur mes joues mais le vent les cueille au vol et gomme cette tristesse. Comme si la nature m'apportait une forme de soutien.
Mon coeur est brisé et alors ? Qu'importe. Je cours et l'adrénaline emplit mes veines. L'adrénaline, sentiment fugace, fragment d'éternité.
A cet instant, seule, la façade de la fille heureuse s'émiette, le masque tombe. La réalité fait surface.
Et tout à coup, c'est la chute. La chute et le cri qui s'échappe de la gorge, incontrôlable. C'est bestial. Tapie dans l'ombre, je me sens telle le loup hurlant sous la lune. La solitude, pour le coup, me va bien. Je ne supporterais pas que qui que ce soit me voit dans cet état. Pour une fois, je suis libre de laisser mes sentiments éclater. Et la vague déferle. La haine. L'amour. La trahison. Tout à la fois. Et pour me calmer, je chante. La mélodie vient seule, comme toujours. Un chant venant du coeur. Les paroles se créent petit à petit, reflet d'une réalité si parfaitement cachée jusqu'alors. Dans ce moment privilégié de symbiose avec la nature, c'est mon coeur que je mets à nu.
Jusqu'à ce que... j'entende un bruit derrière moi. Le bruit d'une branche qui plie sous le pas du marcheur nocturne. M'immobilisant tout à fait, je tente de rendre ma respiration aussi silencieuse que possible. Ai-je été moins discrète que je ne le pensais ? Qui peut bien être là ?